Je retiens de ce message deux points qui me semblent importants:
Une incapacité à imaginer un modèle de société qui ne soit pas destructrice pour la biodiversité, le climat, etc. AB fustige en particulier le modèle d’une société de plus en plus virtualisée, où les IA se voient confier de plus en plus de responsabilité, tandis que l’homme implanté se replie dans des mondes virtuels. Inventer un monde qui aille au delà de simplement l’amélioration de l’efficacité énergétique
Une exhortation aux chercheurs à sortir d’une forme de neutralité et d’autocensure qui au final laisse le système évoluer selon son inertie, en questionnant la vue d’ensemble / le cadre dans lesquels nos recherches se font.
Transcription de la conclusion :
« Il faut être un peu sérieux avec nos priorités : nous chérissons l’éthique universitaire et sa rigueur rigide et intransgressible (c’est une bonne chose et nous avons raison je crois ; c’est un peu de la dignité de notre statut de chercheurs et chercheuses) mais dans un monde en effondrement, avec peut-être 500 millions de réfugiés climatiques annoncés par l’ONU dans 25 ans, avec une 6e extinction massive qui s’annonce, avec les machines qui prennent les commandes −et ce n’est plus une dystopie de science-fiction− avec les génocides qui se déploient fièrement, je crains que le concept même d’université ne soit pas promis un grand avenir. Si nous ne nous relevons pas les manches −je crois qu’il va falloir être un peu sérieux et sage, c’est-à-dire révolutionnaire, sans quoi, je le crains, nous n’aurons pas l’air très malins drapés dans notre pureté principielle et intellectuelle, au sein d’un monde en déliquessence, qui nous rappellera par les faits qu’en ne prenant pas parti, nous avons pris parti pour l’ordre établi et la pensée inertielle »
Ta remarque est frappée du coin du bon sens, évidemment. Et les mondes virtuels n’empêchent pas non plus que l’on soit pleinement dans la réalité aussi. Jouer à des jeux vidéos de combat n’empêche pas −par exemple− de pratiquer aussi le judo…
Cependant, ce qui me gène (si je tente de faire miens les propos d’AB) c’est d’en faire un but en soit, une sorte d’idéal à atteindre. Et ce que critique Aurélien Barrau, c’est de ne pas questionner ce vers quoi ça nous amène. Si je prend comme exemple les évolution technique des 20 dernières années, on a mis une quantité très importante de travail dans les smartphones (à la fois le matériel, et l’écosystème logiciel dont les réseaux sociaux ne sont pas une petite partie). Alors je ne crache pas dans la soupe : j’apprécie d’avoir des cartes de partout dans le monde, de pouvoir trancher une discussion par un wikipedia, ou de regarder sur youtube du contenu que la télé n’aurait jamais fait… Mais au final, ça crée aussi une très grande dépendance à la connexion, du stress, et finalement si on revient en 2000, ne peut-on pas se demander si c’était ça que l’on voulait ?