"Pourquoi c’est faux de dire que LFI est un parti d’extrême gauche ?" - eviltoast

Appât facile pour Lemmy !

Plus sérieusement, je trouve l’idée intéressante de dire que LFI n’est pas d’extrême gauche quand on compare au NPA ou au programme de Mitterrand. Mais j’ai l’impression qu’on peut appliquer le même raisonnement pour dire que le RN n’est pas aussi extrême que son origine, je ne suis pas convaincu par les arguments de l’article.

Selon la définition de Jean-Etienne Dubois, dans son ouvrage l’Extrême droite française, les partis d’« extrême droite » sont « les organisations qui contestent le système politique républicain et démocratique (anti-électoralisme, antiparlementarisme, aspirations autoritaires, etc.) et/ou le caractère universel des valeurs républicaines de liberté et d’égalité (antisémitisme, racisme, xénophobie, etc.) ».

Qu’est-ce qui dans les programmes du RN de ces dernières années match avec cette définition de l’extrême droite ?

Ainsi, « l’origine [du Front national, devenu Rassemblement national], son noyau de militants et les références idéologiques diverses qui s’y côtoient inscrivent indubitablement l’histoire de ce parti dans la filiation de l’extrême droite française ».

Il y a des origines puantes dans à peu près tous les partis (ex : Mitterrand et Vichy, communistes et Staline, les partis gaulliste et la décolonisation, etc.), est-ce qu’on peut essentialiser un groupe politique à son origine pour toujours ?

Est-ce que les nouveaux votants que le RN a gagnés aux élections de ces dernières années sont des racistes anti-démocrates ? Ou est-ce qu’ils sont simplement séduits par le savant mélange de populisme de droite (anti-immigration) et de gauche (anti-élite) que le RN cuisine depuis le début de son entreprise de dédiabolisation ?

Jlecteurs très à gauche, merci d’essayer d’avoir une discussion rationnelle. Je suis là pour essayer d’analyser la situation avec tout le monde.

Édith : Merci pour les réponses détaillées, je prendrai le temps de répondre.

  • keepthepace@slrpnk.net
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    5 months ago

    Tu vas vite arriver dans le débat prescriviste vs descriptiviste. Autrement dit est-ce que les mots ont une définition immuable ou est-ce que c’est l’usage qui détermine leurs définitions.

    Commençons par un point important: l’axe gauche-droite a un sens en politique. Mathématiquement on pourrait dire que c’est une projection sur un seul axe d’un paysage avec plus de dimensions, mais il n’en reste pas moins que les partis proches sur cet axe ont tendance à plus souvent voter ensemble. Il y a pas mal de publis sur le sujet.

    Dés lors, tu as un centre de gravité, une droite, une gauche et des extrêmes.

    Si tu es descriptiviste, et que tu penses que la langue est un outil qui doit s’adapter pour décrire le présent d’une façon pratique, alors c’est assez tentant d’avoir une approche par morceau et de dire que le morceau le plus à gauche est l’extrême gauche et le gros morceau complètement à droite est d’extrême droite. Dans ce cas là, y a pas photo, LFI est d’EG et RN est d’ED.

    Si tu es prescriptiviste, tu te bases sur une définition précise. Par exemple tu dis que l’extrême gauche, c’est l’abolition du capitalisme et la collectivisation des moyens de production. Et alors, il faut aller du coté du NPA et de LO pour en trouver. Il existe aussi une définition prescriptiviste de l’extrêmisme qui dit qu’il s’agit de l’acceptation de la violence comme méthode politique.

    J’ai, personellement, pas de préférence pour l’un ou l’autre, que je trouve tous les deux raisonnables. Par contre, il y a une chose importante à comprendre dans les discours actuels: parler du dangers “des extrêmes”, c’est prescriptiviste, et ça suppose en général la dernière définition que j’ai donné: les extrêmes, c’est les violents. Un discours sur le danger des extrêmes se doit de rester prescriptiviste et doit justifier du fait que l’extrême gauche qu’on critique est violente. On n’a pas le droit, dans une argumentation cohérente de passer d’une définition à l’autre.


    Autre point, les violences, parlons en. La violence dont on parle c’est celle contre les personnes. Il me parait clair que la symétrie n’est pas là. Un conseiller de Jordan Bardella vient de s’esquiver d’un plateau TV quand il a appris qu’on le confronterait à une vidéo de sa dernière ratonnade.

    Je veux rappeler un truc, c’est que Poutou, il refuse de condamner des gens qui brûlent des pneus sur un parking, Jean Marie Le Pen, il torturait au couteau. Depuis la fin des brigades rouges, il n’y a plus une extrême gauche violente contre les personnes en France, alors que de Benalla à Madelin, des gens qui cassent du gauchiste en tant que hobby, on en a.